Suisse 
Jean Calvin (1509- 1564)
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L'envergure et l'importance du réformateur Jean Calvin résident moins dans l'originalité de sa doctrine théologique - à cet égard, il est plutôt dans le sillage de Martin Luther - que dans son vaste rayonnement social et politique. Il n'y a guère de particularités de l'idéologie bourgeoise, libérale et capitaliste des temps modernes, à l'échelle mondiale, dont le germe ne soit contenu dans le calvinisme ou ne se soit développé au contact de ce dernier. L'égalité de droits propres à tous les citoyens (creuset du libéralisme), le système de la souveraineté d'une représentation démocratique (creuset de la pensée politique bourgeoise) et l'obligation pour chacun de démontrer son appartenance divine par le zèle à l'ouvrage et par l'ascétisme du mode de vie (cause essentielle de l'essor du système économique capitaliste) ne sont que les principales professions de foi du calvinisme dont la preuve de l'impact sur la société n'est plus à faire.

Par sa formation, le grand systématicien de la théologie protestante n'était paradoxalement pas du tout théologien. Né à Noyon en Picardie (France), Calvin fut certes destiné à devenir prêtre mais il préféra à l'étude de la théologie celle de la jurisprudence, des langues classiques et de la rhétorique. Humaniste à l'esprit aiguisé, il se plongea avec beaucoup de sérieux dans l'analyse de la doctrine protestante qui s'était alors déjà largement implantée en Allemagne et en Suisse (Calvin est plus jeune que Zwingli de presque une génération). En 1532, il rompit avec l'Eglise romaine et se proclama ouvertement adepte de la croyance évangélique, aveu qui lui valut de chercher asile à Bâle comme réfugié religieux.

C'est en cette ville qu'il publia son fameux ouvrage "Christianae religionis institutio" (Institution de la Religion chrétienne), parut tout d'abord en latin (1536) puis réédité en plusieurs langues et propagé dans toute l'Europe. Grâce à ce condensé, systématique et intelligent, de la doctrine protestante, le juriste Calvin acquit d'un coup le renom international d'un grand théologien. Mais Calvin même optait plutôt pour une carrière contemplative d'érudit.

Un hasard contraria ce projet. Dans le cadre des aléas de la guerre, Calvin dut passer par Genève en 1536 pour rejoindre Bâle, après un séjour dans sa ville natale. A cette époque, Genève avait adopté déjà la nouvelle foi sous l'influence de Berne et sous la conduite spirituelle du réformateur Guillaume Farel. Celui-ci adjura son hôte prestigieux et providentiel de combattre à ses côtés pour affermir la Réforme à Genève. Calvin finit par céder. Ainsi débuta sa première phase d'action de chef de L'Eglise genevoise. Ce temps devait être court : en 1538, outrés par l'austérité du régime des moeurs, les habitants chassèrent Farel et Calvin. Ce dernier se rendit à Strasbourg où il devint professeur de théologie à l'université et directeur de conscience des nombreux réfugiés réformés accueillis par la ville alsacienne. L'Eglise française de Strasbourg, à laquelle Calvin donna une structure ecclésiastique et une liturgie, fut le modèle et l'exemple de l'Eglise telle que la concevait ce réformateur.

Entre-temps, Genève tournait une page de son histoire. Les fervents de Calvin s'étaient emparés du pouvoir et priaient le réformateur de revenir. Calvin acquiesça en 1541. En quelques années, il transforma de fond en comble l'Eglise et l'Etat de Genève et en fit la "Rome protestante". La "ville de Calvin" eut longtemps la réputation d'une ville-république aux us et coutumes sévères, craignant Dieu et la loi, sous l'indéniable direction de l'Eglise, indépendante et supérieure au pouvoir temporel, inspiratrice et guide spirituel du gouvernement. Ce système codifié dans les "Ordonnances ecclésiastiques", Calvin sut le défendre avec une discipline de fer contre tout adversaire. Ce puritanisme ne fut pas exempt parfois d'une impatience intolérante, presque fanatique.

La Genève à la vie heureuse se métamorphosa sous Calvin en un bastion de rigueur. Cependant, d'un autre côté, du vivant de son créateur, le calvinisme exalta l'instruction, les arts et les sciences ( en 1559, le réformateur fonda un collège et l'académie). Il encouragea, en outre, l'artisanat et le commerce qui muèrent Genève en une cité florissante.

Miné par la maladie, usé par une vie sans repos, Calvin s'éteignit prématurément en 1564. Il laissait une oeuvre humaine qui a profondément influé sur le cours de l'histoire, tout au long des siècles.


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